- gangrène
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• 1503; cancrène v. 1370; lat. gangræna, gr. gaggraina « pourriture »1 ♦ Mort et destruction des tissus à la suite de l'arrêt de l'irrigation sanguine. Gangrène due au gel, à une brûlure, à l'artériosclérose. Gangrène humide, sèche, avec ou sans invasion bactérienne. Gangrène gazeuse, due à l'infection bactérienne d'une blessure, généralement par des bactéries anaérobies. — Escarre provoquée par la gangrène. Ablation des tissus gangrenés pour arrêter la gangrène.2 ♦ Fig. Ce qui pourrit, corrompt et s'étend. ⇒ corruption, décomposition, destruction, pourriture. Gangrène de l'âme. « la gangrène du fanatisme » (Voltaire). ⇒ cancer(fig.).gangrènen. f.d1./d Nécrose et putréfaction des tissus. Gangrène sèche, due à une insuffisance circulatoire. Gangrène humide, où les phénomènes de putréfaction dominent. Gangrène gazeuse, due au développement de bactéries anaérobies dans une plaie profonde et caractérisée par une mortification des tissus, s'accompagnant d'une production de gaz.d2./d Fig. Ce qui corrompt, désorganise, détruit. La gangrène du mauvais exemple.⇒GANGRENÉ, -ÉE, adj.A. — Atteint de gangrène. Bras gangrené; jambe gangrenée (Ac. 1835, 1878).B. — P. métaph. ou au fig. Atteint (par un mal) dans son intégrité. Âmes blasées et gangrenées; bourgeoisie malsaine et gangrenée. Des taches de péché noires et gangrenées (DUMAS père, Hamlet, 1848, III, 5, p. 231). [Rose] entre les griffes d'un homme de cinquante ans fêtard et gangrené (ESTAUNIÉ, Choses voient, 1913, p. 46) :• La presse française devient aussi dans la seconde moitié du XIXe siècle (...) un complément de l'école primaire, à laquelle tend la main l'enseignement, dit supérieur et gangrené, de la Sorbonne.L. DAUDET, Stup. XIXe s., 1922, p. 82.— Emploi subst. [Désignant une pers.] Ces princes, ces bandits compagnons d'un damné, Ces gangrenés du mal, ces rois en qui suppure Toute l'abjection de notre époque impure (HUGO, Légende, t. 6, 1883, p. 139).Prononc. et Orth. : [
]. Ds Ac. 1694-1878. Étymol. et Hist. [1503 (d'apr. BL.-W.1-5)]; av. 1590 gangrené (PARÉ, Au lecteur ds LITTRÉ); 1690 fig. conscience gangrenée (FUR.). Dér. de gangrène; suff. -é. Fréq. abs. littér. : 60.
gangrène [gɑ̃gʀɛn] n. f.ÉTYM. 1538; cancrène, v. 1370; lat. gangræna, grec gaggraina « pourriture », la forme en can- d'après cancer, au sens ancien de « chancre ».❖1 Mortification et putréfaction des tissus. ⇒ Nécrose, sphacèle (→ Enfler, cit 20; érysipèle, cit. 2). || La gangrène peut être due à une action directe (brûlure, plaie, traumatisme), à une cause générale (infection, altération sanguine…). || Gangrène sèche, dans laquelle les tissus sont noirs, desséchés et la pourriture faible, à l'inverse de la gangrène humide. || Gangrène blanche, dans laquelle la partie mortifiée est blanchâtre. || Gangrène gazeuse, foudroyante : complication de certaines plaies, due à des germes pathogènes (surtout anaérobies : Bacillus perfringens, vibrion septique…) — Escarre provoquée par la gangrène. || Trancher dans le vif, amputer la partie malade, pour empêcher la propagation de la gangrène. || Soigner la gangrène (→ Bellis, cit.).1 (…) la joue blanche et rose est devenue noire, comme un charbon ! Elle exhale des miasmes putrides. C'est la gangrène; il n'est plus permis d'en douter. Le mal rongeur s'étend sur toute la figure, et de là, exerce ses furies sur les parties basses; bientôt, tout le corps n'est qu'une vaste plaie immonde.Lautréamont, les Chants de Maldoror, II, p. 93.2 On reconnaît les lieux où séjournent les blessés, devait dire un chirurgien d'armée, à l'odeur de putréfaction et de gangrène qui s'en dégage.Pasteur, cité par Henri Mondor, Pasteur, VI.2.1 Le pied est enflé et l'orteil est tout noir. Il n'y a rien d'autre à faire. Je sors mon couteau de ma botte et (…) je sectionne l'orteil atteint de gangrène.B. Cendrars, Moravagine, in Œ. compl., t. IV, p. 171.➪ tableau Principales maladies et affections.3 Anne regardait la gorge nue de la jeune femme. Elle se demandait comment un si charmant écrin pouvait receler une gangrène aussi horrible.Pierre Benoit, Mlle de La Ferté, p. 245.♦ Par compar. || La montée du fascisme est comme une gangrène.2 (1601). Ce qui pourrit, corrompt. ⇒ Corruption (cit. 9), décomposition, destruction, pourriture. || Une gangrène de l'âme (→ Farcin, cit. 2). || Gangrène morale, psychologique. || Une véritable gangrène politique envahit le pays.4 À quoi servirait ce que nous venons d'écrire, si on ne guérissait pas au moins quelques lecteurs de la gangrène du fanatisme ?❖DÉR. Gangrener, gangreneux.
Encyclopédie Universelle. 2012.